D'puis longtemps, elle
l'avait dans la peau
C'est pourquoi sur le Sébasto'
Le long des murs le soir elle rampait
En disant : «Y'a pas faut que j'l'aie"
Or un soir qu'il sortait de l'atelier
Elle aborda l'ouvrier lui disant :
«Si l'on s'aimait
T'as de belles mirettes, tu m'plais.»
L'ouvrier sourit
Puis dit :
"Je sais qu'on
t'appelle la vipère du trottoir.
Je sais combien tu fascines avec tes yeux noirs.
Oh oui ! je veux vivre désormais près de toi
Pourvu que tu ne sois rien qu'à moi.»
«De tous c'est toi seul que je préfère maintenant,
Dit-elle tout en lui mordant les lèvres jusqu'au sang,
Chéri elle t'aimera toujours follement
La vipère"
V'là huit jours que la
vipère a fui
Et maintenant toutes les nuits
Dans Paris il la cherche partout
Prêt à lui faire un mauvais coup
Lorsqu'un soir il la croise soudain
Il lui barre le chemin :
«Tu vas revenir sinon...»
Elle lui répondit non.
Alors l'air surpris
Il dit :
«Je sais le pouvoir
de la vipère du trottoir
Un autre s'est laissé prendre aux miroirs de tes yeux
noirs
Comme moi il a quitté l'atelier, sa maman
Demain c'est le bagne qui l'attend.»
Prenant la vipère tendrement dans ses bras
Il dit : «Chérie tu ne recommenceras pas.»
Et là, dans la nuit doucement il étrangla
La vipère.