Paroles : AUBRET

Musique : LENOIR

 

LE TRAIN DU RÊVE

"Elle est folle, m'avait-on dit,

Et dans les gares chaque nuit

Pendant des heures se promène"

Intriguée soudain j'ai voulu

Savoir le véritable but

Que poursuivait cette âme en peine

Et la vieille m'a répondu

Sans nulle gêne

 

"J'attends le train qui doit un jour

Me conduire au pays du rêve

Sur une vaste et blanche grève

Où le printemps dure toujours"

Vous me direz : je sais qu'il tarde

Que bientôt la pluie et le vent

Auront fini d'user mes hardes

Ça ne fait rien j'attends j'attends

 

Car lui seul me ramènera

Vers le soleil vers le beau gars

Qui m'a jadis abandonnée

Je lui dirai tout simplement

J'ai, vois-tu, souffert tant et tant

Que ta faute en est pardonnée

Je lui dirai oui mais avant

Jamais lassée

 

J'attends le train qui doit un jour

Me conduire au pays du rêve

Sur une vaste et blanche grève

Où le printemps dure toujours

Finis les combats les épreuves

La pluie infernale et le vent

J'aurai de belles robes neuves

Aussi, voyez, j'attends j'attends"

 

La nuit triste allait s'achever

Lorsque j'ai vu sur le pavé

S'abattre la pauvre démente

La mort à ses grands yeux déjà

Donnait un irréel éclat

Une grâce encore plus touchante

Alors j'ai murmuré tout bas

"Soyez contente

 

Voici le train qui doit un jour

Vous conduire au pays du rêve

Sur une vaste et blanche grève

Où le printemps dure toujours"

Mais avec un dernier sourire

Je n'obtins qu'un navrant regard

Mieux que tous les mots sachant dire

"Trop tard hélas il est trop tard".