Texte :Pierre MAC ORLAN
Musique :Victor MARCEAU
LA FILLE DE LONDRES
Un rat est venu dans ma chambre Il a rongé la souricière Il a arrêté la pendule Et renversé le pot à bière Je l'ai pris entre mes bras blancs Il était chaud comme un enfant Je l'ai bercé bien tendrement Et je lui chantais doucement
Dors mon rat mon flic dors mon vieux Bobby Ne siffle pas sur les quais endormis Quand je tiendrai la main de mon chéri
Un chinois est sorti de l'ombre Un chinois a regardé Londres Sa casquette était de marine Ornée d'une ancre coralline Devant la porte de Charlie A Pennyfields j'lui ai souri Dans le silence de la nuit En murmurant je lui ai dit
Je voudrais je voudrais je n'sais trop quoi Je voudrais ne plus entendre ma voix J'ai peur j'ai peur de toi j'ai peur de moi
Sur son maillot de laine bleue On pouvait lire en lettres rondes Le nom d'une vieille compagnie Qui paraît-il fait l'tour du monde Nous sommes entrés chez Charlie A Pennyfields loin des soucis Et j'ai dansé toute la nuit Avec mon chinetoque ébloui
Et chez Charlie il faisait jour et chaud Ted jouait Daisy Belle sur son vieux piano Un piano avec des dents de chameau
J'ai conduit le chinois dans ma chambre Il a mis le rat à la porte Il a remonté la pendule Il a rempli le pot à bière Je l'ai pris dans mes bras tremblants Pour le bercer comme un enfant Il s'est endormi sur le dos Alors j'lui ai pris son couteau
C'était un couteau perfide et glacé Un sale couteau rouge de vérité Un sale couteau rouge ... sans spécialité |