Paroles : Renaud SECHAN

Musique : Renaud SECHAN

 

« C'était ma première chanson :"Crève Salope". Une
chanson qui a fait le tour des lycées, qui est devenue
un hymne en 68. Je l'ai chantée à la Sorbonne et au
lycée Montaigne occupé. Au premier couplet, je remets
en cause l'autorité du père, ensuite du prof, du flic
et du curé. Je l'ai chantée partout et tous les types
qu'avaient une guitare disaient : « Ouah, super ! » Le
refrain était très populaire, très entraînant, très à
chanter en chœur. Le premier mec avec une guitare me
disait : « Ouah, écris-moi les paroles, je vais les
chanter ». Et il rentrait dans son comité d'action,
dans son lycée à lui. Et puis, ça a fait le tour de
Paris. Il y a au moins cinq cents personnes qui l'ont
écoutée, cette chanson. » 
Renaud

 

CRÈVE SALOPE

Je v'nais de manifester au Quartier
J'arrive chez moi, fatigué, épuisé,
Mon père me dit : bonsoir fiston, comment ça va ?
J'lui réponds : ta gueule, sale con, ça t'regarde pas !
Et j'ui ai dit : crève salope !
Et j'ui ai dit : crève charogne !
Et j'ui ai dit : crève poubelle !
Vlan ! Une beigne !

Le lendemain, comme tous les jours, j'vais au lycée,
Je rencontre dans la cour mon prof d'anglais,
Elle me dit : bonjour jeune homme, comment ça va ?
J'ui réponds: ta gueule, sale conne, ça t'regarde pas !

Et j'ui ai dit : crève salope !
Et j'ui ai dit : crève charogne !
Et j'ui ai dit : crève poubelle !
Vlan ! Une beigne !

L'proviseur m'a convoqué le lendemain,
Dans son cabinet privé, pour un entretien,
Y m'dit : essuyez vos pieds avant d'entrer.
J'ui ai dit : écoute mon pote, tu m'laisses causer !

Et j'ui ai dit : crève salope !
Et j'ui ai dit : crève charogne !
Et j'ui ai dit : crève fumier !
Vlan ! Viré !

Je m'suis r'trouvé dans la rue, abandonné,
J'étais complèt'ment perdu, désespéré,
Un flic me voit et me dit : qu'est-c'tu fous ici ?
A l'heure qu'il est, tu devrais être au lycée,

Et j'ui ai dit : crève salope !
Et j'ui ai dit : crève charogne !
Et j'ui ai dit : crève fumier !
Vlan ! Bouclé !

Je m'suis r'trouvé enfermé à la Santé,
Puis j'ai été condamné à être guillotiné,
Le jour d'mon exécution, j'ai eu droit au cur'ton,
Y m'dit : repentez-vous mon frère, dans une dernière prière

Et j'ui ai dit : crève salope !
Et j'ui ai dit : crève charogne !
Et j'ui ai dit : crève fumier !
Vlan ! Y z'ont tranché !