Paroles : Philippe VAL
Musique : Philippe VAL
SOIXANTE-HUIT |
Du temps que les pavés volaient dans l'air opaque Il y a presque vingt ans c'était juste après Pâques A Paris sur la Seine sur mon vélomoteur Je l'avoue soixante-huit a fait battre mon coeur
Je courais de barricades en barricades Pour voir comment été roulées les camarades J'ai sauté des maos brouté des libertaires Et même des staliniennes au con-centrationnaire
A minuit délaissant Cohn-Bendit et sa clique J'allais me glisser dans le lit d'la femme d'un flic J'avais juste le temps d'enfiler mon calcif Quand à l'aube il rentrait fourbu de la manif
Je me rappelle encore d'une blonde spontex Qui voulait qu'on mette en commune nos deux sexes Pour m'en sortir j'ai dû arguer de la notion De propriété des outils de production
Il suffisait d'une petite autocritique Pour entrer en matière tu disais pathétique "J'étais un sale macho je m'en rends compte ce soir" Après une heure au plus on était au plumard
Parfois comme les mœurs étaient très libérales Pendant nos exercices de voltige coïtale Son mec lisait Proudhon dans la piaule d'à coté Et le matin il nous apportait du café
Ma belle voisine qui ne vivait que pour l'amour Du Pape de Jésus et de Marie un beau jour Wilhelm Reich à la main avec un œil de braise Est entrée chez moi en criant "Quand est-ce qu'on baise?"
J'ai rencontré aussi la femme d'un député Qui m'faisait la morale devant une tasse de thé Elle disait "Vous êtes manipulés par la Chine" En même temps qu'elle me manipulait ... aut' chose
J'en ai froissé des robes imprimées au Népal J'en ai flairé du patchouli et du santal Dans les odeurs d'encens sur fond d'Ravi Shankar C'était à coups de reins qu'on écrivait l'histoire
C'est pourquoi aujourd'hui quand dans certains canards Je lis "Val c'est un nostalgique soixante-huitard" J'admets qu'ils ont raison mais je me dis tout bas "Ce n'était qu'un début continuons le combat"
Du temps que les pavés volaient dans l'air opaque Il y a presque vingt ans c'était juste après Pâques A Paris sur la Seine sur mon vélomoteur Je l'avoue soixante-huit a fait battre mon coeur |